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Faire corps avec le Groupe

Depuis mes débuts comme praticienne en soin énergétique, je me rends compte que je reviens toujours au groupe. Bien sûr, j’aime accompagner en individuel, mais c’est au coeur du collectif que je sens la transformation la plus vivante, la plus incarnée.

Dans un groupe, on ne peut pas se cacher bien longtemps. L’autre devient un miroir, parfois tendre, parfois grinçant, même glaçant, mais toujours juste. Et puis il y a ce truc un peu magique, cette alchimie… Quand toutes nos énergies se mélangent, toutes nos histoires, nos tabous, nos espoirs, nos hontes… Tout ça fait du groupe une entité à part entière. Et souvent c’est à cet endroit que tout se joue.

Selon moi, une des expérience que nous sommes venus faire sur cette terre, sur ce plan, n’est pas « trouver la lumière », lâcher notre ego ou vivre dans l’unité la plus total… L’expérience que nous sommes venus faire c’est justement une expérience de groupe. Comment être moi-même à côté de l’autre. Comment faire vivre mon individualité au sein même du groupe ? C’est dans cette idée que j’organise régulièrement des séjours initiatiques.

Jouer le Jeu du Groupe

Encore une fois, c’est certain qu’il faut « jouer le jeu du groupe » pour arriver à un résultat. « Partir en groupe » et « jouer le jeu du groupe », sont deux positionnements très différents. Jouer le jeu du groupe, c’est accepter de ne pas tout maitriser, ni tout contrôler. C’est accepter de se laisser porter par une organisation qui n’est pas celle que toi tu aurais mis en place. Dans un groupe, nous avons affaire à des humains (comme nous en l’occurence) et être humain, ça n’est pas une science exacte. Il y a toujours une multitude de possibilité de réaction à un événement, à un mot dit de travers…

On sait aujourd’hui que nous ne pouvons pas nous développer « correctement » sans interaction avec l’autre. Nous sommes des êtres de communications et d’interactions. C’est aussi pour ça que, selon moi, la plus grande erreur des personnes hypersensibles est de s’éloigner du « groupe société ». C’est un leurre de croire qu’en s’éloignant, ça va régler notre souci de sensibilité. De mon point de vue, c’est en faisant corps avec notre société, qu’on sait comment elle fonctionne, qu’on peut anticiper, manoeuvrer et agir avec pour notre bien et celui du groupe.

On retrouve ici ma franche tendance au chamanisme : un chaman ne fait jamais rien seul dans son coin ou pour lui tout seul, il y a toujours la question de l’équilibre de la communauté derrière tous ses agissements. D’ailleurs est-ce que ça ne serait pas le grand problème du monde du développement spirituel ? Se maintenir hors du groupe société parce que, soit disant plus conscient, plus en avancé, plus perché… complètement déraciné de toute réalité.

L’autre te ramène à ta réalité

Un des moyens que notre inconscient a pour nous parler, c’est le regard que nous portons sur les autres. Comment parles tu de telle et telle personne ? Qu’est-ce qui te saute aux yeux ? Ce que tu vois chez l’autre, existe bien chez lui. Mais tu le vois parce qu’il existe chez toi également. Et tu le vois, non pas pour changer quelque chose en toi. Tu le vois pour ne pas t’illusionner sur toi. Pour être bien conscient de qui tu es, sous toutes tes facettes.

Selon moi, un des meilleurs moyens de se connaître n’est pas une introspection où on plonge en soi en se coupant du monde. C’est plonger en nous, mais en nous confrontant à l’autre. Faire le grand saut dans notre monde, dans notre société… Se relier au vivant n’est pas que se relier à la nature. Sauf preuve du contraire, n’importe quelle société est vivante. C’est pour ça que je travaille en groupe sous une multitude de forme. Chaque immersion en groupe (peu importe la taille et la forme) est pour moi une traversée dans ce que nous ne connaissons pas, dans ce que nous ne reconnaissons pas de nous. Une traversée dans notre inconnue.

Restons Chelous : ou comment oser ensemble

Quand j’ai lancé les spectacles Restons Chelous, c’était un peu fou. Franchement, qui a envie de monter sur scène pour assumer ses bizarreries devant tout le monde ? Eh bien… pas grand monde (moi comprise). Le nombre de fois où je me demande pourquoi ? Mais pourquoi donc…j’ai le dont de me mettre dans ces situations ?

Et pourtant, une fois qu’on se lance, on découvre la puissance du collectif. Une fois que l’énergie porte le groupe, c’est là que la sensation de vivant, d’appartenance arrive. Ensemble sur ces spectacles soins, nous construisons quelque chose qui n’est palpable que par nous. Il n’y a pas vraiment de public (pour ceux qui n’ont jamais fait de « Restons Chelous »), il n’y a personne pour regarder, il y a juste un groupe mené à la baguette 😅 et qui fait comme il peut. Et pourtant c’est dans ce groupe d’inconnus que nous allons oser certaines choses qu’on ne se serait pas cru capable. Sur ces spectacles, même si vous n’êtes pas au coeur de l’action, vous faite parti du spectacle. Le groupe vous prends en compte quoi qu’il arrive.

On ne se connait pas, et pourtant à un moment donné, nos pas, gestes et respirations se coordonnées naturellement. Là, je sais que c’est gagné. Quand je sens cette complémentarité, alors je sais que j’ai atteint mon but pour un Restons Chelous.

Les séjours Initiatiques : aventures collectives garanties

Quand on est loin de tout, le groupe devient un refuge psychique. Au Maroc, certains stagiaires ont été malades, marcher en groupe les a clairement aidé à puiser dans leurs forces pour aller jusqu’au prochain campement. En Mongolie face à la puissance des éléments, on ne se fond pas dans le groupe, on s’y amplifie. Nous passons du « je » à « nous ». Dans ces deux immenses espaces, il y a peu de distraction. Le groupe devient un espace d’ancrage : on se parle, on se tait ensemble, on regarde l’horizon ensemble.

Ensemble, nous faisons face à une sorte de vide extérieur qui vient amplifier la puissance du collectif. C’est là qu’on intègre que « faire corps » ensemble n’est pas que faire quelque chose ensemble, mais aussi « être ensemble », habiter ensemble même le silence.

C’est pour toutes ces expérience que j’emmène du monde par là-bas. L’importance, « la portance » du groupe y est tellement décuplée qu’on ne peut pas passer à côté. Dans ces séjours, le groupe est une métaphore de notre société. C’est un rythme que nous partageons ensemble avec une logique de coopération permanente : monter, démonter le campement, rassembler les affaires, les classer pour ne rien perdre ou oublier et tout retrouver facilement au prochain arrêt, préparer les repas. Rien ne se fait seul. C’est cette forme de vie nomade (rythmée par la météo et les déplacements) que je souhaite faire expérimenter à mes stagiaires. C’est ce rythme qui s’impose au groupe qui m’intéresse. Parce que, à lui tout seul, il fait naître le groupe. Il lui donne corps et puissance.

Pourquoi le groupe ?

Parce que, soyons honnêtes, seul on peut avoir l’illusion de tout contrôler. C’est facile de vivre cette expérience sur terre sans se confronter au groupe. Mais dans un groupe… impossible ! Les autres viennent te bousculer, te renvoyer tes zones d’ombre, mais aussi te faire sourire. Tout ça, c’est de la vie. Tout ça nous ramène au mouvement du vivant. Tout ça nous ramène à notre humanité, notre qualité d’être humain. Tout ça nous retire le poids de la culpabilité de ne pas faire bien, de ne pas être la meilleure, de ne pas avoir réussi.

Et c’est ça que j’aime. Ce mélange de vulnérabilité, de maladresse, d’humanité brute… qui devient une force incroyable quand on l’embrasse collectivement. Alors oui, « faire corps avec le groupe », c’est accepter d’être parfois gêné, chamboulé, dépassé. Mais c’est surtout goûter à cette énergie qui nous dépasse et nous transforme.