Ce matin, j’ai reçu un témoignage d’une cliente qui se terminait par « Merci Eléonore ! Car en m’autorisant la mort, tu m’as ramené à la vie ! ». Ça m’a d’abord touché bien évidemment puis, j’ai eu un truc en moi qui me disait : « Nan mais attends, tu vas pas partager ça quand même ? Les gens vont pas comprendre ? ». La mort, ce sujet tabou !
Je crois que j’ai toujours vu la mort comme une étape de la vie. Au fond de moi, j’ai toujours senti que d’oser entrer dans la vie, c’était accepter de mourir à un moment donné. Entrer en vie, s’incarner, jouer le jeu de la vie c’est renoncer à l’immortalité. Renoncer à ce fantasme qui dit que l’on pourrait ne pas s’incarner. Et d’ailleurs, si vous lisez ces mots, peu importe si vous vous sentez bien dans votre vie ou non, nous sommes autant incarné l’un que l’autre. Ça tombe sous le sens… sinon vous ne seriez pas en train de lire ces lignes et moi en train de les écrire.
Pourquoi donc je suis autant touchée ?
Pourquoi ces mots (ceux de ma cliente) résonnaient en moi autant ce matin ?
Depuis 2 ans, je me questionne sur mon travail. Je ne me sens plus à ma place sans pouvoir m’imaginer faire autre chose. J’ai honte de vouloir abandonner ce métier. Je crois qu’au fond de moi, je me demande aussi ce que je sais faire d’autre. Il y a comme un terrible constat, un précipice à mes pieds. Je crois que je ne sais rien faire d’autre.
Regardons les choses avec plus de recul. Mon problème est toujours ma solution ! Je m’agace sur le positionnement de mes clients. Je ne supporte plus les personnes dire qu’il veulent s’en sortir alors que tout dans leur attitude me dit le contraire. Intéressant !! Si ce que je perçois des autres (y compris de mes clients) parle de moi… Il est donc évident et ultra important d’aller voir mon propre positionnement. Boudiou je ne suis pas fière de moi ! Et vous savez quoi, de l’écrire, de le poser c’est aussi une manière pour moi de désacraliser le truc. L’orgueilleuse que je suis est, finalement, comme tout le monde !! 🤣 ✅ Ici tu trouveras un lien vers une vidéo qui parle de ça
Il y a, en fait, quelque chose en moi qui meurt.
Quelque chose qui a besoin de se laisser mourrir pour retrouver le goût de vie. Je suis devenue trop intransigeante envers moi. Trop de sériosité ! Mes clients m’agacent à se complaire dans leur mal-être. Or, je fais exactement la même chose ! Je suis donc aussi plouc qu’eux. Purée ! J’ai honte !!
Ce qui meurt en moi en ce moment, c’est justement ce positionnement. Ce positionnement de plouc jugeante que j’ai envers moi-même ! Hier matin, je me suis réveillée en me disant ceci : « Je ne veux plus être une thérapeute (ou une guérisseuse ou chamane ou je ne sais quoi). Je veux être cette fille Eléonore qui ramène à la vie. »
C’est finalement exactement la même chose, mais beaucoup plus léger pour moi. Mais je suis encore dans un truc où je veux me mettre dans une case. Et si j’étais juste Eléonore. Et si j’arrêtais de vouloir me définir ? Et si me définir me restreignait trop ? Et si c’était ça qui devait mourir en moi ? Et si j’avais juste besoin de laisser mourir cette partie en moi trop sérieuse qui voulait rentrer dans une case. Et si je pouvais être cette plouc à vouloir être parfaite, cette plouc à me complaire dans ma médiocrité, et en même temps cette femme avec cette sensibilité si puissante qu’elle ramène les gens à la vie. Et si c’était pas si grave d’être une plouc et d’avoir honte de moi-même ?
« Je t’autorise à avoir envie de mourir » ?
Pourquoi je n’ai pas peur de dire à mes clients en souffrance : « Je t’autorise à avoir envie de mourir » ? Je connais tellement le goût de ces moments là. Je m’autorise régulièrement à descendre dans ma gadoue jusqu’à sentir que je pourrais en mourir. Je sais au fond de moi que j’aime la vie. Je sais que je ne me donnerais pas la mort. Mais je sais aussi que pour me sentir en vie, j’ai besoin de côtoyer de près la mort. De la côtoyer régulièrement, me ramène à la vie. Peut-être que certains d’entre vous seront choqués de ces mots.
Alors peut-être qu’aujourd’hui, ce qui a besoin de mourir en moi, c’est ma croyance de devoir passer par là pour sentir la vie en moi. Et peut-être que tout simplement, j’ai besoin juste d’élargir mon regard sur moi-même et d’assumer que je suis cette personne qui aime la vie et la mort en même temps. Les 2 co-habitent en moi et ma cliente. C’est pour cela que de l’autoriser et donc reconnaître qu’elle peut aimer mourir, la ramène à la vie. Reconnaître l’un c’est reconnaître l’autre.
On apprends toujours aux autres ce qu’on a besoin d’apprendre nous-même.
✅ ici tu trouveras un soin chanté et gesticulé pour retrouver de la légèreté
C’est ce que je raconte à travers les *Restons Chelous*. Finalement, durant ces Spectacles Soins, je n’en fais qu’à ma tête… Je juge, je me moque, je suis violente, je suis maladroite. J’utilise tous les travers de notre humanité avec allégresse (et beaucoup d’humour aussi rassurez vous !!). J’assume d’être cette humaine bancale et pleine de jugements pour faire ressortir ce que tout ça côtoie. C’est à dire, la douceur, la bienveillance, l’empathie… Sans mettre de mots dessus. Sans aller interpréter et intellectualiser…sans « psychologiser » la choses. Vous passez un bon moment comme avec vos amis, ça vous remets d’aplombs et d’équerre pour les semaines qui vont suivre. Vous vous sentirez plus vivants et frais comme un gardon. Et grâce à toutes les personnes qui viennent me voir durant ces *Restons Chelous*, je peux alors être cette guérisseuse sérieuse et débile à la fois. Ça détends ma sériosité et me fait un bien fou !!
✅ Tu pourras lire ici un autre « Billet du Jour » autour de ce que j’appelle les « petites morts »